Il est tôt.
Enfin non d’ailleurs, il est 8h30. Mais moi à cette heure là normalement, je commence à travailler à mon ordinateur ou à mettre en place les cours que mon fils devra étudier dans la journée.
Et pourtant je suis là.
Dans un endroit sublime, sous un très beau soleil, avec des milliers de femmes pour beaucoup plus minces et mieux fichues que moi, dans des tenues bariolées, remuant leurs postérieur au rythme des batucadas.
Je ne suis pas sur la plage de Copa Cabana, au milieu de sublimes brésiliennes m’enseignant la samba.
Je viens courir.
Pire encore je viens courir La Parisienne.
Ma première course officielle. 7 kilomètres sous un grand soleil.
Mais moi, je ne cours pas. Enfin jusque là c’est ce que je pensais…
Pour être honnête j’ai grandi élevée par une très jolie maman qui n’a jamais eu besoin de faire de sport pour être mince. Le truc c’est qu’elle a tellement dû se persuader qu’on pouvait être mince et tonique sans sport qu’elle y est parvenue!!!! (Oui je sais moi aussi ça m’énerve!). Mais le plus drôle, ça a toujours été de l’entendre parler du sport. Un truc inutile, ou on court après rien, dans des fringues de merde, ou on a l’air con avec des chaussures qui ne servent qu’à montrer qu’on a des pieds. Ajoutons à ça la nouvelle technologie qui nous scotche à notre téléphone, notre casque Bluetooth, notre montre connectée pour avoir le temps, les calories, le rythme cardiaque, et vous avez la panoplie de l’humain probablement le plus contreproductif de la galaxie dans les yeux de ma mère. Le seul défaut que vous pourriez ajouter à la liste c’est d’aimer StarWars, mais ça un jour je vous en reparlerai, parce que ma mère et StarWars, c’est un sketch.
À quarante ans, comme on se pose pas mal de questions (qui suis-je, d’où viens-je, où vais-je et j’ai pas un peu pris du cul là?… entre autres) je me demande si malgré cet héritage familial, le sport pourrait être fait pour moi.
Alors j’ai couru. Pas longtemps, pas vite, pas souvent. Mais assez pour lancer le défi à une amie de faire la Parisienne avec moi.
Quand j’ai vu son temps au kilomètre, j’ai manqué de tout annuler….!
Mais pourtant, je suis là…
Je veux savoir de quoi je suis capable… face à moi même et aux pavés parisiens.
Me voici donc sur le départ, avec mon amie qui a la gentillesse de ralentir son pas pour moi.
Au fil des kilomètres, je photographie les bornes. 1, 2, 3, 4, 5, 6… je fractionne, elle court. On se fait doubler beaucoup, on double souvent aussi…
Dernière ligne droite…. à bout de forces et le cœur littéralement sorti de ma brassière, je nous pousse à faire un dernier sprint!!!
Ça y est nous sommes Parisiennes 2018.
Sur les derniers mètres, on nous offre une médaille, une rose, un jus de fruit, de l’eau….
On rêve d’une coupe de champagne, mais nos corps nous hurlent que ça ne va pas être possible!!!!
Alors on se repasse le film de notre course devant un café, avec une gratitude et une fierté mêlées de l’étonnement d’avoir relevé ce défi qui nous paraissait si fou.
Je pense que maman verra toujours les joggeuses comme des créatures étranges qui courent pour rien, et après rien dans des tenues sponsorisées par Stabilo Boss.
Mais elle admet aussi que je lui ai fait envie!!!!!
En fait je viens de faire l’acte le plus rock’n roll qui soit! Je me suis rebellée contre cette idée reçue que le sport et moi, ça faisait deux…Comme me l’a justement dit mon binôme de baskets, c’est une crise d’adolescence en conscience…
Le propre de l’adolescence, c’est se chercher, je crois…
Alors oui, c’est sans doute après moi-même que je cours, peut-être que j’essaie de m’impressionner, de me séduire…
Peut être que je vais même me plaire assez pour me donner envie de m’aborder, de me rencontrer, de me découvrir, qui sait de m’emmener au cinéma et de commencer une belle histoire d’amour avec moi…
Peut-être que je tomberai suffisamment amoureuse de moi pour chercher à me décrocher la Lune…parce que je me dis que quitte à courir, je pourrais bien me mettre aussi à courir après mes rêves.
Bref. J’ai fait ma première course.
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