Dans mes jeunes années (je peux dire ça maintenant, ça fait super mature), c’est à dire vers mes 20 ans, j’avais quitté le giron familial pour vivre seule à Paris. Vous savez cette capitale trépidante, ville de Lumières, et de culture, ou un théâtre fleurit à chaque coin de rue, et où les cinémas sont légion, sans compter les millions de pittoresques bistros où l’on refait le monde entre un petit blanc et un petit noir, selon l’heure et l’envie…Bon d’accord, j’exagère un peu, mais en gros vous saisissez l’idée. Paris est la ville parfaite pour avoir une vie sociale… quand on veut…
Mais clairement, je n’ai jamais voulu.
A Paris, j’étais un ours.
Alors quand j’ai déménagé en banlieue, tout le monde m’à mise en garde et m’à dit que j’allais m’enterrer en passant le périph. Ce n’était pas faux…
En banlieue, je suis restée un ours, à la seule différence qu’ayant franchi la frontière symbolique de la petite couronne, j’avais une excuse. Voire même une raison pour être un ours.
Et puis j’ai eu un enfant, et je suis devenue une maman ours. J’ai couvé mon ourson en restant au chaud…
Mais finalement c’est un peu monotone la vie d’ours, même si j’adore hiberner dans ma grotte. Alors j’ai décidé de me soigner de cet “ermitisme” aigu.
Donc mon deuxième challenge de l’année, après mes mises à jours incomplètes (cf. Article précédent), est donc d’aller vers mon prochain plus souvent. Et pas uniquement en invitant d’autres plantigrades dans ma grotte, mais en en sortant!!!! Un truc de ouf quoi… Une notion de dingue… Une occupation qui semble si loin de moi, même si sur le papier j’aimerais aimer ça… (mais c’est un peu comme les sushis, ou le running, ça prend pas!)
Ma première sortie de l’année ne fut pas dangereuse, je n’ai pas passé le périphérique. J’ai à peine fait 5 kilomètres à vol d’oiseau (8,8 d’après Waze), direction Asnières et le Théâtre Armande Béjart, pour aller voir le spectacle “le petit monde de Renaud”
Eh ben, j’ai bien fait de sortir!!! Quelle agréable surprise que ce spectacle charmant, respectueux de l’œuvre de Renaud, avec une vraie dramaturgie, une jolie mise en scène, des musiciens live, de bons interprètes…
Certes, d’aucuns pourraient regretter certains tubes auxquels ils n’auront pas le droit et un certain nombre de chansons clairement moins connues des débuts de l’artiste.
Mais au fond, l’essentiel est surtout qu’on est à mille lieues des comédies musicales juke-box mainstream où on vous ré-orchestre à tout-va des tubes pour bien nous faire comprendre que la musique d’untel ou unetelle est toujours tellement d’actualité…
Ici oubliez les boîtes à rythme, les remix électro, les chorégraphies de malade, les effets spéciaux, et la pyrotechnie tapageuse.
On est dans un spectacle “artisanal” avec tout ce que ce mot a de plus noble, de plus respectable et de plus rassurant.
Guillaume Cramoisan et sa femme Elise Roche ont vraiment fait un très beau travail d’écriture et de mise en scène, et ils ont donné vie à une galerie de personnages qui jusqu’ici n’existaient qu’à travers les quelques vers des chansons qui leur étaient consacrées… Gérard Lambert, la Teigne, Manu, le Beauf…. Les voilà évoluant sous nos yeux, conformes à ce que nous en imaginions…
Il paraît même que Renaud les a trouvé très émouvants, à les voir prendre vie ainsi….
Lucien, le héros (Guillaume Cramoisan) est un personnage très attachant, sincère, et plein de contradictions, un peu comme nous l’avons tous été entre nos 20 et nos 40 ans, entre nos soifs d’absolus et nos compromis d’adultes.
Mention spéciale à Diane Dassigny… Pépette aussi jolie que talentueuse, très bel élément romantique, mais absolument pas gnangnan, du spectacle.
Et pour moi, la cerise sur le gâteau reste une version exceptionnelle, ou plutôt extra-ordinaire, de “mistral gagnant”…. Mais je ne vous en dévoilerai pas plus sur cette reprise, en espérant vous avoir donné l’envie de vous précipiter sur les places d’une des dernières représentations:
– 1er mars au Bourget du Lac
– 30 Mars à Epinay-sur-Seine
Le 30 mars à Epinay-sur-Seine, moi, en tout cas j’y retourne…. Parce que cette nouvelle bande de potes, on a envie de la retrouver, et que ce spectacle c’est un peu comme les carambars d’antan et les coco boers, il a un goût d’enfance, de possible, d’anarchie et de liberté auquel on a envie de s’accrocher… malgré nos 40 ans.
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