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Photo du rédacteurSauvane Delanoë

Ma quarantaine – interview nº1 – autoportrait

Qui suis-je?

Sauvane, 40 depuis 3 mois

Auteur et Comédienne

Maman solo d’un petit bonhomme solaire de 8 ans, en bons termes avec le papa

Mes souvenirs et mes rêves…

A 10 ans

Je lisais… Saint-Exupéry,Le club des 5, le perroquet qui bégayait, le 35 mai….

J’écoutais… Daniel Balavoine, Michael Jackson, Johnny Clegg and Savuka, Alain Souchon, Goldman…


Je regardais… Les chevaliers du Zodiaque, L’incroyable Hulk, MASK, Les Tiny Toons

Je passais mon temps à… Écrire…

Je rêvais de… Devenir comédienne avec des chevaux…

Mon rapport aux autres :

J’étais beaucoup dans un monde d’adultes. Je travaillais dans le milieu du doublage depuis mes 5 ans. Et j’étais une espèce d’enfant “prodige” (toutes proportions gardées). Je jouais sur un pied d’égalité avec des grandes personnes et je crois que ça a un peu faussé certains de mes rapports avec les autres. Je pense que je m’en vantais pas mal. Certains adultes trouvaient ça mignon, et d’autres ont sans doute trouvé ça puant. Avec les autres enfants, je crois que je mettais mon métier en avant pour me faire des amis. J’avais deux ans d’avance, et comme j’étais première de la classe j’avais un peu la hantise de passer pour une chouchoute…. Du coup, j’essayais de me faire apprécier par d’autre biais… Après c’est mon ressenti et mon souvenir… C’est surtout aux autres qu’il faudrait demander!

A 20 ans

Je lisais… Stephen King, Dean Koontz, Clive Barker, Yasunari Kawabata

J’écoutais… Joe Pass, Wes Montgomery, Astrud Gilberto, Antonio Carlos Jobim, Andrew Lloyd Webber, Claude-Michel Shönberg

Je regardais… Sex and The City, X files, Friends, Les Nuls, les animaniacs, ER…

Je passais mon temps à… écrire des chansons

Je rêvais de… Devenir un auteur reconnu de comédie musicales.

Mon rapport aux autres :

J’avais passé mon adolescence (à partir de 13 ans et demi) en cours par correspondance, pour rester auprès de ma grand mère qui était tombé malade. Aucun regrets à ce sujet, elle a vécu 10 années de plus qu’annoncé et le fait de nous savoir près d’elle ma mère et moi a dû y faire beaucoup. Par contre je reconnais que socialement, même si j’ai continué à travailler, mon lien avec les autres ados a été assez rompu. Mon entrée à l’Université a été un choc. Il a fallu que je me réadapte. Disons que j’ai beaucoup tardé à avoir mes premiers émois amoureux… Mais là encore pas de regrets et de merveilleux souvenirs. Ces 20 ans ont marqué la prise d’indépendance, l’émancipation… C’est la dizaine où j’ai perdu mon père (que je connaissais très peu) et ma grand-mère. Des moments aussi douloureux que fondateurs… Mais je crois que j’étais encore beaucoup dans le paraître… Et comme je ne savais pas quoi paraître pour “plaire”, c’était encore très flou et je n’avais pas du tout un “moi” abouti…. La dizaine du vrai “Work in progress” quoi….

A 30 ans

Je lisais… Richard Bach, Guillaume Musso, Marc Levy, Alexandre Jardin

J’écoutais… Linda Lemay, Michael Ball, John Owen Jones, Serge Lama, Les Beatles, les Stones, AC/DC, TSF Jazz…

Je regardais… Les experts, Law and Order,

Je passais mon temps à… regarder grandir mon fils et à travailler, sans vraiment maîtriser mon temps.

Je rêvais de… trouver le temps de réaliser mes rêves d’avant

Mon rapport aux autres :

L’aventure de la vie de couple…. Pas pour moi !!!!! Pourtant mon compagnon était facile à vivre. Je sais qu’il faut être deux pour rater une relation (comme pour la réussir) mais je pense que l’échec de ce couple m’incombe en de nombreux points… Mais j’ai essayé. Peut-être même trop puisque je me suis détachée du peu de relations amicales que j’avais en m’enfermant encore plus dans ma tanière… Avec l’arrivée de mon fils ça n’à pas arrangé les choses. Par contre, la maternité, ça je m’y suis beaucoup épanouie. Je ne sais pas si ça m’à vraiment fait gagner en confiance en moi, j’ai encore beaucoup de complexes et de peurs, mais dans mon rôle de mère, je me fais confiance. Comme toutes les mamans, bien sûr il y a des moments de panique, de doute…etc… Mais dans l’ensemble, c’est enfin un rôle dans lequel je me sens légitime. En fait j’ai gagné en confiance en moi “pour mon fils”. Je peux défendre des positions becs et ongles si ça le concerne. Alors quelque part la trentaine m’à appris que j’avais en moi une lionne ou une louve…. Après il a fallu le temps de l’apprivoiser…

Et maintenant ?

A 40 ans

Je lis… Les accords Toltèques, Gounelle, Giordano, Darren Hardy, Gretchen Rubin, principalement du développement personnel, et des polars comme Paula Hawkins.

J’écoute… Beaucoup de ce qu’écoute mon fils : Kendji Girac, Amir, Calogero, Renaud et toujours TSF Jazz, et quelques retours en enfance comme Berger, Balavoine Goldman, Bruel… Mes classiques. Et selon l’humeur et la saison, du gros rock, de la bossa nova, des chansons de Noël… Le streaming permet d’explorer tout l’éclectisme de mes goûts musicaux sans me ruiner chaque mois chez le disquaire. Et c’est assez ludique je trouve. Je ne suis pas forcément très geek, et par exemple, même si j’y suis abonnée, je n’ai pas le même réflexe avec Netflix pour les nouvelles séries, mais je suis un peu Deezer addict….

Je regarde… de moins en moins de séries policières… Je ne supporte plus du tout de voir des affaires glauques, en particulier quand elles concernent des enfants. Trop d’empathie depuis que je suis maman. Au cinéma pareil… Et pas forcément sur les affaires criminelles, mais par exemple, impossible pour moi de supporter “l’Echange”. Avant ma maternité, j’avais pu voir “plus profond que l’océan” qui est un formidable film avec Michelle Pfeiffer, mais aujourd’hui, j’ai beau le connaître, j’ai beaucoup de mal à le regarder. Je m’identifie trop au personnage de la mère… Et c’en est presque douloureux. En revanche, comme j’aime beaucoup les enquêtes, j’adore les séries soft, comme Castle par exemple… J’essaie de regarder de moins en moins la télé à vrai dire, et quand je le fais, c’est plus une échappatoire et je veux éviter les sensations fortes! Je dois me faire vieille! Hahaha! Sinon, puisqu’on parlait de Netflix, j’adore les documentaires, surtout sur la santé, la nutrition et les modes de vie respectueux de l’environnement et des autres…

Je passe mon temps à… chercher comment optimiser mon temps. J’ai fini par comprendre qu’on ne pouvait pas littéralement “gagner” du temps, puisque 24h resteront toujours 24h. Vouloir en gagner est illusoire, et même chronophage, en revanche chercher à utiliser ses heures le mieux possible pour jongler entre famille, travail, et projets personnels est un challenge intéressant et c’est un chemin riche d’enseignements. En fait c’est ça la clef, je crois que 25 ans après mon bac, je passe encore tout mon temps à apprendre, et le pire c’est que j’aime ça…

Je rêve de… trouver l’équilibre. Et de publier mon premier roman, avant d’en publier beaucoup d’autres. Mais en fait, ce n’est pas du rêve. C’est du projet. La différence c’est la volonté d’entreprendre tout ce qui sera nécessaire pour y parvenir. Mon rêve aujourd’hui c’est mon but. Et c’est excessivement motivant.

Mon rapport aux autres :

Je dirai qu’il s’améliore beaucoup. Et paradoxalement que je deviens plus égoïste. Parce que je pense qu’on ne peut pas rendre les gens heureux si on ne fait pas tout pour être heureux soi-même, ce qui passe par une certaine révision de ses priorités. Je débute à peine dans ce nouveau chemin, mais j’essaie, quand j’accorde du temps à quelqu’un ou quelque chose de l’accorder vraiment, d’être plus attentive, plus présente.

J’apprends à me connaître et ce faisant j’accueille avec moins de craintes et plus de bienveillance les différences des uns et des autres.

Je voudrais atteindre une espèce de minimalisme… Pas au sens strict, je suis trop bordélique pour ça, mais dans une acception plus symbolique du terme. Virer le superflu pour me concentrer sur l’essentiel. Ce qui vaut autant pour mes possessions que pour mes relations. Ça implique un certain dépouillement, une certaine mise à nue. Et accepter qu’on m’aime ou qu’on ne m’aime pas pour ce que je suis. Pas pour ce que j’ai ou ce que je fais…. Et je m’aperçois que les gens auxquels je tiens le plus ont la même exigence, le même système de valeurs%

En revanche, a moi de trouver l’équilibre pour que ce que j’ai et ce que je fais soient en harmonie avec ce que je suis… Mais j’ai encore quelques décennies pour ça, non?

L’heure du bilan

Mes réussites :

Personnelles : Mon fils…. Mais jusque là je crois que toutes les mamans diront la même chose, ce n’est pas très original. Je suis surtout fière d’avoir intégré que mon fils venait de moi mais n’était pas “à” moi. Fière de le guider sur un chemin qui sera le sien, et pas celui que je lui dicterai. Fière d’essayer au moins d’en faire un esprit libre, responsable de son bonheur. Je crois aussi que nous avons bien réussi notre séparation son papa et moi. C’est une réussite commune bien sûr, mais je m’en attribue quand même une partie du mérite. J’ai appris à faire des compromis, à ne pas m’emporter ou à ne pas chercher à imposer mon point de vue…. C’est moins stressant pour moi, et rassurant pour mon fils de voir la confiance que j’ai toujours en son père.

Professionnelles : Je crois que mon parcours est plutôt pas mal. J’ai commencé à travailler quand j’avais 5 ans, dans le doublage en tant que comédienne. J’ai appris sur le tas, alors, avant je ne me sentais pas très légitime. Ça a changé. Maintenant j’assume mieux cette formation différente. Idem pour l’adaptation ou la direction artistique. Le fait que je vive de mon métier me légitimise je pense, et je suis assez fière de tout ce que j’ai fait et de la façon dont je l’ai fait.

Ce à quoi j’ai renoncé sans regrets Être comédienne avec des chevaux, ou devenir vétérinaire! Avec le recul, ce n’était définitivement pas pour moi…

Mes regrets : Dans l’absolu je ne regrette rien, car je sais que je suis exactement où je dois être en fonction de mes choix et de mes actions… mais si vraiment je devais en trouver un, c’est d’avoir pensé avoir le temps de tout, et de ne pas avoir foncé vers la réalisation de mes rêves… Comme je disais, on ne peut pas gagner du temps, par contre on peut en perdre beaucoup… Et tout le temps où je n’ai rien fait, en pensant décompresser, me reposer, réfléchir… et où, avouons le, j’ai pas mal glandouillé, j’aurais dû le consacrer à l’écriture d’un roman… J’en aurais plusieurs d’avance à l’heure qu’il est et je les aurais peut-être déjà publiés!!! Mais plutôt qu’un regret c’est une leçon qui m’enjoint à saisir cette quarantaine à bras-le-corps.

Ce qui pourrait changer : Peut-être mon environnement, vivre ailleurs, plus près de la mer ou d’un grand lac, avec plus d’espace et moins d’objets. Mais dans l’absolu, pour plein de raisons pratiques, s’éloigner est encore un projet difficile à envisager….

Ce qui devrait changer : Mon rapport au temps, et mes priorités. Penser d’abord à moi et aux miens. Ça ne veut pas dire moins bien faire mon travail, mais ça signifie lui accorder sa véritable importance, sans me laisser ronger ni au niveau du temps, ni au niveau du moral. Avoir une relation plus saine à mon métier. Je pense paradoxalement que je n’en serai que plus efficace et plus disponible… Accorder plus de temps à mon bien-être, à mon corps et à ma santé. Prendre plaisir à m’attarder avec mon fils pour un sourire, pour une blague, pour une histoire… Savourer chaque instant, lâcher prise.

Ce qui va changer : Clairement tout ce que j’ai écrit précédemment. J’ai déjà entrepris des changements… Pas encore pour ce qui est de mon bien-être mais pour mon rapport au temps je mets en place tout le nécessaire pour progresser… C’est pas encore gagné !!!!

Ce qui a changé déjà : l’encombrement de ma maison… J’ai commencé à faire le vide. Encombrants, associations, recyclage… Tout ce qui n’à plus d’utilité chez moi doit poursuivre sa route ailleurs. Pour désencombrer l’espace, et laisser à la nouveauté la place d’entrer et l’envie de s’installer…. Faire circuler les énergies… C’est assez Feng Shui comme notion, mais ça va plus loin que ça… Je ne parle pas que des énergies dans l’espace, je parle aussi de celles qu’on a dans la tête… Et honnêtement, en peu de temps, je trouve que ça marche déjà. Je commence à mieux voir le chemin que je veux emprunter.

C’est un peu comme le bon vin… Il a patienté en fût pendant longtemps… Maintenant je le déguste. C’est le bon moment. il est parfait. Et délicieux!

Une citation qui te définit :


Elle me vient de mon parrain :

“Tout ce qui vient est bien”.

Parfois c’est difficile à accepter, mais c’est tellement vrai….

Et une autre, que j’ai lu et relue dans les toilettes de mon grand père (c’est bête, mais c’est resté gravé dans ma tête!)

“Faire le bien, le faire chaque jour mieux, et avec moins d’effort, voilà le but de la vie”

Si je voulais me la jouer plus cultivée, je dirais :

“Je ne connais qu’un devoir, c’est celui d’aimer” Albert Camus

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